Placebo … encore !


France Culture vient de diffuser une excellente émission - proposée par Nicolas Martin dans le cadre de son programme : La Méthode Scientifique - visant à nous éclairer sur le mystérieux « effet placebo » : elle est encore accessible sur le site, ici : 


ou a défaut, une autre version est disponible là : 


Mais de quoi s’agît-il ? Si l’on donne à des personnes souffrant d’une affection particulière un produit dont on leur explique qu’il va avoir un effet positif sur leur maladie, alors qu’en réalité il est totalement neutre, on observera pour une certaine proportion de ces personnes de réels effets positifs sur leur mal … étrange , non ? d’autant que cette proportion s’évalue à au moins 30 % lorsqu’il s’agit de douleur, et à 50 % pour certaines pathologies cardiaques (comme des intervenants de l’émission l’expliquent) ! 

Bien souvent ce phénomène est apprécié de façon péjorative : un peu comme si notre corps prenait des libertés face à une thérapeutique qui se voudrait efficace de la même manière pour tous ; ou plutôt, devrais-je dire, notre esprit, puisque souvent devant un tel phénomène inexpliqué la remarque est cinglante et laconique : « c’est psychologique » !

Et oui, c’est bien de notre esprit qu’il s’agit lorsque ce phénomène se manifeste, car chacun face à une même situation (en l’occurrence un traitement proposé) va y réagir d’une façon qui lui est particulière. 

Tout participe à l’effet placebo : le lieu dans lequel le traitement est proposé (c’est plus efficace à l’hôpital que dans une salle d’expérimentation anodine), la personne qui l’administre (un professionnel ou une personne quelconque), comment cette personne présente le produit et avec quelle autorité, mais aussi ce phénomène dépend de la  conviction du prescripteur en l'efficacité du traitement proposé, et enfin bien sûr de la croyance de la personne qui reçoit le médicament en son effet positif pour son affection.

Ce sont de tels « parasites »  que les chercheurs tentent de dépasser pour prouver l’efficacité d’un traitement particulier à une maladie, donc pas toujours aisé …

Mais au-delà de ces questions techniques qui se posent aux chercheurs et aux laboratoire, cet effet met en lumière la surprenante capacité de notre corps, dans certains cas, dans une certaine limite, et de façon différente pour chacun, de produire des effets positifs sur un mal dont on souffre, sous l’effet de notre esprit.

Aussi, sachant le mécanisme de ce phénomène, serait-il préférable de mobiliser cette formidable ressource psychique bien moins coûteuse et sans effet délétère sur la santé lorsque c’est pratiqué avec un peu d’éthique … mais toute la question est là ! Est-on prêt aujourd’hui à prendre en compte ou expliciter (car leur analyse est connue depuis des lustres) les mécanismes de suggestion et d’influence qui opèrent dans la communication - car ils sont opérants partout : aussi bien à l'échelle d’une famille qu’à celle d’une société humaine -, je ne crois pas : trop d’enjeux comme de déterminer les mécanismes d'action de telle ou telle pratique, de distinguer les faits des croyances (et pas sous la forme actuelle presque totalitaire du "fact checking" !), dapprendre à moduler une position de pouvoir donné par un statut d’expert, ou encore pire les certitudes données par une forte névrose égotique !


Bonne écoute, c’est passionnant et instructif, à bientôt,

PS - ce sujet fut déjà évoqué sur ce blog ici et

© Jean-Philippe Véron 2015