Écoutez des histoires

Comme beaucoup, j’aime que l’on me raconte des histoires …


D’ailleurs, à y regarder de près, nous sommes constamment en train de nous raconter quelque chose : que nous commentions (soit explicitement, soit « dans sa tête ») les actions que nous faisons ou celles des autres, celles que nous planifions de faire, voire même celles dont nous jugeons qu’il est impératif de faire … Constamment donc nous analysons ce qui se passe autour de nous, évaluons, jugeons ou parfois blâmons, tirons aussi des conclusions, faisons des inférences sur ce qui peut se produire.

Si ce mécanisme est bien sûr indispensable à notre adaptation au monde qui nous entoure, parfois les analyses faites, ou les histoires que nous élaborons pour expliquer ce qui se passe dans notre vie, peuvent être envahissantes et, il est bien souvent difficile de se « sortir de la tête », une fois que nous les avons édifiées, les « théories » qui nous aident à expliquer ce qui se passe autour de nous ; alors que, paradoxalement, lorsqu’il sagit des théories tenues par les autres leurs travers sautent aux yeux et les changements à opérer évidents !

Et bien évidemment, ces histoires, ces analyses, que nous produisons individuellement nous dépassent pour se diffuser et se propager collectivement, et former ainsi des narrations que partagent une famille, une région ou un peuple tout entier : il en va ainsi des mythes fondateurs que l’on retrouve dans toutes les traditions, en passant par les cosmogonies, pour se développer dans toutes les religions et les pensées spirituelles. leur fonction : rassembler un groupe d’individus autour d’un discours explicatif du monde qui les entoure.

Si, bien souvent ces constructions (qu’elles soient personnelles ou collectives) sont aidantes car elles donnent du sens à la perception de ce qui fait notre vie, parfois malheureusement elles font souffrir et, nous ne pouvons que constater qu’il est  bien difficile de remplacer une histoire qui fait souffrir par une histoire qui apaise ! J’en profite d’ailleurs pour rendre hommage à deux grands chercheurs qui chacun à leur façon ont su décrire ces phénomènes : Fritz Heider avec sa théorie de l’Attribution Causale et Leon Festiger avec celle de la Dissonance Cognitive. Ces théories (qui sont elles aussi des histoires que l’on se raconte !) expliquent les mécanismes qui rendent si difficiles les changements de point de vue.


Mais bref ! Toute cette longue introduction pour partager la découverte que je viens de faire sur le site de France Inter et qui concerne l’émission proposée par Jean-Claude Ameisen - Sur les Épaules de Darwin : les archives, quasi complètes, sont accessibles et il est possible d’écouter, ou de ré-écouter, à loisir les émissions proposées depuis plus de 8 années maintenant, c’est ici :



Un vrai bonheur que de pouvoir « piocher », au gré de ses intérêts du moment, une nouvelle histoire sur le « comment les choses fonctionnent » car, vous l’aurez compris, aux histoires et aux shémas « prêts à penser » que nous livrent cultures ou traditions, je préfère l’insécurité du savoir qui nous est transmis par les chercheurs ; et si bien sûr leur dernière théorie (ou mythologie moderne !) sera dépassée à plus ou moins brève échéance par un autre discours plus pertinent, mais transitoire lui aussi, j’y vois comme une révérence à toute l’intelligence de cette lignée de penseurs et de chercheurs qui, en « dé-mythologisant » notre monde, l’enchante encore davantage par la façon dont ils nous expliquent les formidables mécanismes de la vie et des phénomènes qui nous entourent.

A titre personnel je vous recommande les émissions suivantes : 







Très bel été à tous,

© Jean-Philippe Véron 2015